Une femme médecin consulte son ordinateur depuis son bureau.

Télémédecine

Téléexpertise ou téléconsultation : quelles différences ?

DANS CET ARTICLE

La télémédecine est un pilier de la transformation numérique des soins, qui facilite l’accès à l’expertise médicale et en fluidifie les parcours patients. Elle regroupe cinq pratiques médicales réalisées à distance : la téléconsultation, la télésurveillance, la téléexpertise, la téléassistance et la régulation médicale.

Parmi elles, deux notions clés, la téléconsultation et la téléexpertise, sont souvent confondues. Pourtant, elles correspondent à des usages très différents. Cet article propose de clarifier leurs spécificités. Nous verrons également comment l’hôpital peut jouer sur leur complémentarité pour structurer l’organisation des soins à distance.

Téléconsultation : définition, cas d’usage, réglementation

Un patient échange en visioconférence avec son médecin lors d’une téléconsultation.
La téléconsultation se déroule à distance mais suit les mêmes règles qu’une consultation en présentiel.

Qu’est-ce que la téléconsultation ?

La téléconsultation est définie par le code de la santé publique comme une consultation médicale réalisée à distance via des outils de visioconférence adaptés. Elle doit permettre d'assurer le suivi, le diagnostic ou la prescription dans les mêmes conditions qu'en présentiel.

La téléconsultation implique généralement deux acteurs : un médecin et un patient. Pour les patients fragiles ou en établissement médico-social, il est possible de faire intervenir un professionnel de santé tiers qui assiste le patient. On parle alors de téléconsultation assistée

Fonctionnement technique de la téléconsultation

L’échange doit se dérouler en mode synchrone, c’est-à-dire en temps réel, via une plateforme de télémédecine ou autre solution de visioconférence sécurisée. La qualité audio et vidéo doit être suffisante pour garantir la sécurité des échanges.

Le patient peut se connecter : 

  • Depuis ses propres outils informatiques (ordinateur, tablette ou smartphone avec webcam et connexion Internet).
  • Depuis un lieu dédié équipé (cabines ou chariot de téléconsultation disponibles en pharmacie ou en maison de santé pluridisciplinaires).

Qui peut proposer des téléconsultations ?

Ce dispositif est réservé aux médecins. Tous les médecins (généralistes ou spécialistes), quels que soient leur spécialité, leur secteur et leur lieu d’exercice (hôpital, cabinet de ville, etc.), peuvent proposer des téléconsultations. La téléconsultation peut concerner tous types de patients, et simplifie l’accès aux soins dans les déserts médicaux. 

Exemples de cas d’usage

Les cas d’usages typiques de la téléconsultation incluent :

  • Le suivi de patients chroniques à domicile.
  • L’accès facilité à un médecin en zone sous-dotée.
  • Les consultations de renouvellement d’ordonnance.
  • Le décryptage de résultats d’analyse ou d’imagerie prescrits par le professionnel.
  • Les premières consultations pour des motifs simples.

Modalités réglementaires et déontologiques

Les pratiques de téléconsultation sont encadrées par le code de la santé publique, par des acteurs institutionnels comme l’Assurance Maladie et l’Agence du Numérique en Santé, ainsi que par la charte déontologique de l’Ordre des médecins. 

Voici les principales règles à respecter : 

  • Le consentement du patient est requis et doit être tracé dans le dossier médical.
  • La téléconsultation doit s’inscrire dans le respect du parcours de soins coordonné.
  • Le médecin doit mettre en œuvre une alternance des consultations en présentiel et à distance.
  • Le médecin (ou l’établissement de santé) doit veiller à la sécurisation des outils utilisés et ne doit pas conserver d’enregistrement vidéo.
  • Un principe de territorialité doit être appliqué : lorsque cela est possible, les patients doivent être dirigés vers des médecins de leur secteur géographique pour les téléconsultations.
  • Un archivage du compte-rendu dans le Dossier Médical Partagé (DMP) est recommandé pour assurer la traçabilité et la continuité des soins.

Par ailleurs, un seuil s’applique sur la télésanté : un médecin ne peut pas réaliser au cours d’une année plus de 20 % de son activité à distance (en cumulant téléconsultations et téléexpertises).

Remboursement et cotation de la téléconsultation

Sous condition de respecter le cadre réglementaire, les actes de téléconsultation sont pris en charge par l'Assurance Maladie dans des conditions similaires à une consultation en présentiel. Les médecins libéraux ont la possibilité de facturer un dépassement d’honoraires dans les conditions habituelles.

La cotation des actes est la suivante :

  • Cotation téléconsultation avec un médecin généraliste ou une sage-femme : TCG.
  • Cotation téléconsultation avec un médecin généraliste de secteur 2 qui applique des dépassements d’honoraires : TC.
  • Cotation téléconsultation avec un médecin spécialiste : TCS.

Le détail de la tarification est disponible ici.

Dans le cadre d’une téléconsultation assistée, le professionnel de santé qui accompagne le patient peut lui aussi facturer une consultation.

Téléexpertise : définition, usages, acteurs concernés

Un médecin sollicite l’avis d’un confrère dans le cadre d’une téléexpertise, depuis son ordinateur.
La téléexpertise permet à un professionnel de santé de solliciter l’expertise d’un médecin ou d’une sage-femme à distance.

Qu’est-ce que la téléexpertise ?

La téléexpertise est une pratique de télésanté qui permet à un professionnel de santé (le “requérant”) de solliciter à distance l’avis d’un médecin ou d’une sage-femme (le professionnel “requis”) sur la situation médicale d’un patient. Il s’agit d’un échange entre professionnels, dans lequel le patient n’est pas directement impliqué.

Fonctionnement technique de la téléexpertise

La téléexpertise est généralement asynchrone et ne requiert pas de visioconférence. Elle doit être réalisée via une plateforme certifiée HDS (Hébergeur de Données de Santé) ou une messagerie sécurisée de santé.

La solution de téléexpertise doit permettre : 

  • L’échange de messages, d’images et de documents médicaux.
  • L’utilisation de formulaires structurés pour filtrer et prioriser les demandes.
  • L’intégration avec le DPI (Dossier Patient Informatisé).
  • La traçabilité et l’archivage des échanges.

Qui peut recourir à la téléexpertise ?

Le professionnel requis dans le cadre de la téléexpertise doit être un médecin (généraliste ou spéciailste) ou une sage-femme

Son avis peut être sollicité par tous les professionnels de santé, notamment les professions médicales (médecin, sage-femme, chirurgien-dentiste, odontologiste) et auxiliaires médicaux (infirmier, masseur-kinésithérapeute, orthophoniste, etc.).

La téléexpertise peut concerner tous les patients et toutes les situations médicales. Le patient n’a pas à être connu par le professionnel requis.

Pour aller plus loin, consultez notre article “Quels professionnels de santé peuvent pratiquer une téléexpertise ?

Exemples de cas d’usage

Voici quelques exemples concrets de situations où les professionnels peuvent recourir à la téléexpertise :

  • Un médecin généraliste sollicite l’avis d’un dermatologue sur une lésion cutanée suspecte.
  • Un infirmier transmet des résultats biologiques à un médecin pour interprétation.
  • Un médecin spécialiste requiert l’avis d’un médecin “sur-spécialisé” dans une pathologie particulière, par exemple en oncologie.
  • Un correspondant en ville sollicite l’expertise d’un médecin hospitalier.

Modalités réglementaires et déontologiques

La téléexpertise est régie par la loi du 26 janvier 2016 et doit respecter un cadre précis : 

  • Respect du secret médical.
  • Utilisation d’une solution sécurisée garantissant la confidentialité des données.
  • Recueil du consentement éclairé du patient.
  • Recours uniquement dans des situations non urgentes et qui ne nécessitent pas une présence physique du patient.

→ Pour en savoir plus sur les règles de la téléexpertise, consultez notre article “Comment mettre en place une solution de téléexpertise ?

Remboursement et cotation de la téléexpertise

La téléexpertise est un acte médical qui fait l’objet d’une facturation, cotation et rémunération spécifique : 

  • Cotation TE2 et rémunération de 20 € pour le professionnel requis.
  • Cotation RQD et rémunération de 10 € pour le professionnel requérant.

La nouvelle convention médicale pour 2024-2029 prévoit une revalorisation de l'acte de téléexpertise du médecin requis (TE2) à 23 € à compter de janvier 2026.

Les actes réalisés dans le cadre du parcours de soins sont pris en charge à 100 % par l’Assurance Maladie, sans avance de frais pour le patient, dans la limite de 4 actes par professionnel et par an pour un même patient.

Téléexpertise vs téléconsultation : tableau comparatif

Téléconsultation Téléexpertise
Nature de l’échange Synchrone (visioconférence en temps réel) Majoritairement asynchrone
Participants Médecin et patient (+ professionnel tiers en cas de téléconsultation assistée) Deux professionnels de santé
Objectif Diagnostic, suivi, prescription Demande d’avis, aide à la décision
Environnement Ville ou hôpital Hôpital, ville ou coordination ville-hôpital
Contraintes techniques Vidéo obligatoire, qualité audio/vidéo Transfert de documents, d’images, formulaires de demande structurés
Outils requis Solution visio certifiée, DMP, messagerie Plateforme HDS, visio (optionnelle), transferts d’imagerie
Cotation / Remboursement Actes TCG, TC, TCS Actes TE2, RQD
Archivage Recommandé dans le DMP Obligatoire (recommandations HAS)

Téléexpertise et téléconsultation : deux outils complémentaires

Une professionnelle de santé travaillant en établissement de soins communique via un ordinateur.
Une bonne articulation de la téléexpertise et de la téléconsultation à l’hôpital améliore la fluidité des parcours de soins.

Exemples de synergies

Téléexpertise et téléconsultation se complètent dans un parcours de soins coordonné. Leur articulation permet d’optimiser la prise en charge des patients et la coopération entre professionnels. 

Voici quelques exemples de synergies :

  • Une téléexpertise peut aboutir à une téléconsultation, par exemple lorsqu’un avis spécialisé met en lumière la nécessité d’un échange direct entre le spécialiste et le patient.
  • Lors d’une téléconsultation, le médecin peut identifier le besoin d’un avis expert et initier une téléexpertise auprès d’un confrère.
  • En établissement, un médecin d’un service (ex. : médecine générale, médecine interne, gériatrie…) peut utiliser les deux outils pour impliquer des confrères spécialistes dans le suivi d’un cas complexe.

Comment articuler téléexpertise et téléconsultation à l’hôpital ?

Les hôpitaux peuvent tirer un bénéfice de la complémentarité de la téléconsultation et de la téléexpertise dans le cadre de leur démarche d’amélioration continue de la qualité et de la sécurité des soins.

En effet, articuler les deux pratiques permet :

  • De valoriser les expertises internes
  • D’améliorer la coordination entre services.
  • De renforcer le lien ville-hôpital.
  • De fluidifier les parcours au sein des GHT (Groupements Hospitaliers de Territoire) et CPTS (Communautés Professionnelles Territoriales de Santé).

Pour un déploiement optimal, il est pertinent d’outiller les établissements avec des solutions intégrant les deux usages. Cela permet une gestion centralisée, coordonnée, sécurisée et traçable des actes de télémédecine.

Rofim : une plateforme pour structurer la téléexpertise et la téléconsultation

Rofim propose une plateforme HDS de télémédecine conçue pour répondre aux besoins des professionnels de santé et des établissements hospitaliers. Elle inclut :

  • Un module de téléexpertise intégrant une messagerie sécurisée, des outils de transfert d’images et autres fichiers, des formulaires de demande d'avis personnalisés et un annuaire.
  • Un module de téléconsultation basé sur un outil de visioconférence sécurisé et des fonctionnalités de suivi.
  • D’autres modules adaptés aux usages hospitaliers : e-RCP, Assistance chirurgicale, Dossier de coordination des soins.

Rofim répond aussi aux exigences du terrain avec : 

  • Des tableaux de bord destinés aux DSI et aux chefs de service, permettant le suivi des indicateurs d’usage et d’activité.
  • Un accompagnement au déploiement, avec un portage terrain et un support expert.

Cette approche globale permet aux hôpitaux de structurer leur usage de la télémédecine, d’optimiser la coordination des soins et de répondre aux exigences réglementaires et organisationnelles.

Pour conclure, la téléconsultation et la téléexpertise sont deux piliers distincts mais complémentaires de la télémédecine. Bien comprendre leurs usages permet d’optimiser les parcours patients et de structurer les pratiques à distance. Avec sa plateforme proposant les deux usages associés à des outils de pilotage et à un accompagnement sur le terrain, Rofim permet aux établissements de santé de mettre en place une stratégie de télésanté efficace.

À propos de Rofim

Rofim est une plateforme de télémédecine qui connecte les professionnels de santé à l’hôpital et en ville, pour faciliter le diagnostic et améliorer la prise en charge des patients. Cet outil offre 4 solutions principales de diagnostic collaboratif dont : téléexpertise, téléconsultation, e-RCP et DCC.

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